Novembre 2017
Je suis à Paris et je sors d’une visite à une amie proche. Situation compliquée, puisque c’est à l’hôpital que je la revois, après plusieurs années. On échange des sourires, on parle de tout et de rien, Mais il y a un “éléphant” dans la pièce, comme on dit. “C’est sûrement la dernière fois que je la vois” me dis-je en lui souriant et en parlant de tout et de rien. En lui disant au revoir, on se prend dans les bras, elle est si frêle, allongée sur ce lit blanc. Elle me dit “tu sens bon”. Tout était tendre, comme l’affection d’une tante qu’elle m’a toujours donnée si généreusement.
Galvanisée mais dévastée
En sortant de cette chambre, si impersonnelle, je suis inspirée par sa force, par cette douceur dans ses yeux. Elle m’a donnée un moment si précieux, sans vraiment pouvoir définir tout ce que cela va enclencher dans ma tête. Je me sens galvanisée…mais dévastée. Je ne la reverrai plus, je le sais. Cette saleté va l’emporter loin de ses enfants, de ma mère son amie si précieuse, et de nous tous ses proches.
Se foutre de ce regard
Aujourd’hui, 4 ans plus tard, je porte dans les yeux et le cœur ce truc, son éclat de vie qu’elle m’a donnée. Ça me fait avancer avec un peu plus de confiance. Et sans savoir, elle m’a transmis cette envie de me foutre de ce regard. De celui des autres ou même de son propre regard, ce troisième oeil. Celui qui capture ton désir d’être, sans t’avoir demander la permission.
Grâce à elle, ce regard a changé. Il s’est transformé. Ça te torture autant que ça te porte. C’est un regard que l'on porte autour de soi, après avoir vu la vie faire ce qu'elle veut de nous... Ce regard qui fait relever la tête pour avancer, un jour après un autre. La sérénité empreinte au ventre et enfin, un jour, accrochée aux lèvres.
Ce jour-là, je me suis dit qu'il y a, finalement, une route tracée pour chacun d'entre nous, pour soi. Et que la responsabilité que l'on a, c'est simplement de faire des choix. Oui, simplement. Car en réalité, lorsqu'un choix s'impose, on connaît la réponse. Elle est là, au fond de soi, elle n'attend qu'un seul regard projeté sur elle pour scintiller hors de nous.
TOUT PART DE SOI
Cette réponse, ce choix, c'est ça, la vraie rencontre avec soi. C'est un peu, à chaque fois, une étincelle de bienveillance, de gnac, de force, de doute changée en humilité, de confiance, d'intelligence et d'amour que l'on se donne, à soi, et en définitive, aux autres. Tout part de soi. Il est grand temps d'avoir ces étincelles au fond des yeux. Et de regarder en soi, pour soi.
Pour briller de soi, les amis. Briller de soi.